L’imprinting chez le chiot


                                          imprinting chiot

   Comprendre l'imprinting

L’imprinting a été découvert par le célèbre éthologue Konrad Lorenz qui étudiait le comportement des oies sauvages. Il se rendit compte que les poussins prenaient le premier animal (ou la première personne !) qu’ils voyaient en sortant de leur œuf pour leur mère : c’est ce qui permettait d’assister aux scènes cocasses où l’on voyait l’éthologue marcher, suivi d’une file de poussins persuadés de suivre leur maman et disposés à aller partout où Lorenz irait.
L’imprinting des oies envers l’homme, bien que sensiblement disproportionné dans ce cas, est irréversible : en effet, les oiseaux sont des animaux qui s’orientent surtout à la vue ; ne pouvant s’observer eux-mêmes :
- ils se persuadent d’être faits à l’image de la première chose qu’ils voient en sortant de l’œuf.

- ils n’ont aucun moyen, par la suite, de changer d’avis. Le cas du chien est légèrement différent : il s’agit en effet d’un animal qui s’oriente avant tout au flair et qui est parfaitement en mesure de se capter sa propre odeur.

   Les mécanismes

Cela signifie que :
1. Par l’imprinting, les chiots peuvent être convaincus d’appartenir à la même espèce que l’homme. Dans ce cas, toutefois, l’imprinting ne sera pas visuel mais olfactif et, dans une moindre mesure, tactile. Si un être humain reste pendant des heures et des heures devant la caisse pour se faire « voir » des chiots, il ne se passera rien ; en revanche, s’il se place au milieu d’eux et se laisse renifler sous toutes les coutures, s’il les caresse et joue avec eux, il déclenchera l’imprinting.
Notez que la période d’imprinting chez le chien ne coïncide pas avec la naissance mais se vérifie dans une période qui va de l’âge de trois à huit semaines. C’est d’ailleurs parfaitement logique si l’on considère que les petits chiens, à la naissance, sont sourds et aveugles et ne peuvent avoir de rapports qu’avec leur mère. L’identification de leur propre espèce, importante pour sa sauvegarde, n’a de sens que lorsque les chiots commencent à quitter leur caisse et peuvent se trouver au contact d’autres formes de vie.
2. Même marqués par l’homme, les chiots, à leur première rencontre avec un autre chien, comprennent tout de suite qu’il s’agit d’un membre de leur espèce car il en émane une odeur caractéristique ; cela peut se produire après la fin de la période naturelle d’imprinting.
En revanche, les chiots qui n’ont pas fait d’imprinting sur l’homme pendant la période adéquate ne pourront pas le faire plus tard ; en effet, l’homme « n’a pas la bonne odeur » et ne peut être reconnu au niveau olfactif comme un semblable. Le résultat, c’est qu’un chien sans imprinting sur l’homme verra toujours ce dernier comme un complet étranger, qu’il pourra craindre, ignorer ou agresser, mais avec lequel il n’aura jamais aucun rapport de collaboration ou d’amitié.
3. L’imprinting sur l’homme n’étant pas tout à fait naturel, il s’agit d’un processus assez complexe. Par exemple, les chiots qui ne sont en contact qu’avec une seule personne au moment de l’imprinting peuvent avoir une réaction focalisée sur ce seul individu. L’imprinting « à sens unique » peut s’avérer dangereux car ces chiens n’ont pas peur de l’homme, tout en voyant comme un ami le seul homme qu’ils ont touché et senti dans leur prime enfance et sans apprécier le contact avec d’autres.
Résultat : si un autre homme que leur seul « ami » essaye de les caresser, ils peuvent ne pas s’esquiver, puisqu’ils n’ont pas peur, mais en revanche mordre, pour bien montrer qu’ils n’ont pas envie d’être touchés.
 
   
 
 
   Valérie Rossi
  • Eleveuse renommée qui dresse notamment des chiens d'utilité, et auteur d'ouvrages de référence sur les chiens

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